18 janvier 2007
Chose promise, chose due...
On parle évidemment beaucoup d'inflation (l'obsession de la BCE et des milieux financiers, l'inflation cette "euthanasie des rentiers" comme l'appelait KEYNES), et très vite on parle des risques inflationnistes et donc du marché de l'emploi qui s'améliorerait (ah?). Mais il est vrai que les taux de chômage sont en baisse (même apparente) et ça, ça "REND NERVEUX LA BCE"! Le reste je vous le laisse écouter.
- et bien sûr: le "taux de chômage d'équilibre", c'est le nom français du... NAIRU (taux de chômage minimum qui permet d'équilibrer l'inflation, d'éviter qu'elle n'augmente, en faisant pression sur les salariés).
La video est en NEWS de mon autre site, sur cette page:
J'ai retranscrit le passage clé ci-dessous:
"... aujourd'hui il y a une amélioration de la situation de l'emploi, il y a des tensions sur certains marchés du travail et on voit bien que même si les taux de chômage restent élévés (il le reconnaît, NDLR!), on peut se dire qu'HISTORIQUEMENT ON EST AU NIVEAU DES TAUX DE CHOMAGE D'EQUILIBRE (NAIRUs donc, NDLR!), VOIRE LEGEREMENT EN DESSOUS, et ça ça crée FORCEMENT un RISQUE ou une NERVOSITE du côté de la BCE..."
FORCEMENT!!!!
Nerveux qu'il est Monsieur TRICHET quand le chômage baisse un peu trop donc...
Clair non?
Pour ceux qui ne seraient pas habitués à ce type de médias (Bloomberg), de tels propos et de telles explications sont loin d'être des cas isolés (ils sont entre eux, c'est une chaine d'initiés), et ce genre de raisonnement y est très courant.
A tel point que maintenant j'anticipe assez bien quand ils RISQUENT de l'évoquer. Pour mieux les enregistrer...
Et convaincre un monde incrédule que non le chômage n'est pas qu'un Fléau, mais aussi un outil de régulation et de contrôle social...
01 janvier 2007
Bientôt, pour les sceptiques, la preuve par l'image!
GdB
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11 décembre 2006
"Y'a quelqu'un que ça arrange là dedans..."
Dominique ARTHAUD: Je pense que ces 10% de chômeurs qui existent depuis 20 ans, ils doivent intéresser quelqu’un… Y’a quelqu’un que ça arrange là-dedans ! Y’a des gens qui se désolent, tous les jours on en parle. Revenons aux amis de SERALEP [NDLR: l'entreprise dont il est aujourd'hui Directeur, et qu'il essaie de redresser après que cette entreprise soit passée de groupes en groupes contrôlés par des fonds de pensions], les plus gros donateurs sont des commerces de Saint-Vallier, ils ont compris intelligemment et généreusement que c’était aussi l’intérêt de tout le monde que SERALEP vive. Donc un des plus gros donateurs, c’est l’Intermarché qui est à 100 mètres de chez nous ici dans le Nord de Saint-Vallier, un des plus gros donateurs c’est un garage Renault qui est à côté de chez nous, c’est pas neutre, c’est à la fois des gens généreux, c’est à la fois des gens qui intelligemment se sont dit que si on ferme là, eh ben de toute façon ils achèteront plus, ou ils achèteront deux fois moins. Ce qui est surprenant, c’est que le MEDEF fasse pas cette approche, le MEDEF devrait se dire : « Surtout ne licencions pas chez Y, parce que demain je vais licencier chez X » alors qu’aujourd’hui, on a l’impression que c’est « « Vas y Y, vas y ! Licencie, tu te porteras bien mieux et X suivra ton exemple ». Moi ça me désole…
FR : Vous dites qu’il doit y avoir des gens à qui ça sert qu’il y ait 10% de chômeurs depuis 20 ans, vous pensez que ça sert à qui ?
DA : Je pense que ça donne pour un certain nombre d’employeurs une possibilité de « jouer négativement » sur le marché de l’emploi… Quand je dis négativement, moi je vois, j’ai quatre filleuls, y’en a un qui est chômeur, (ils ont à peu près 25 ans), un qui a un stage, un qui a fait de l’intérim et un qui a un CDD. Aucun n’a un CDI, comme si le CDI avait disparu du marché du travail ! C’est des jeunes de 25 ans, on leur donne déjà une image bizarre de l’entreprise, et maintenant on s’est mis à jouer avec ce marché du travail ce qui est facile hein, y’a plein de monde qui est là, ils acceptent des postes qu’ils n’auraient certainement pas accepté à une époque, par rapport à leur formation, surtout qui acceptent des conditions de travail qui sont moyennes. Et comme vous pouvez le voir, les revendications sont quand même très minimes, je pense qu’on est devenus un peu peureux, et que ce marché du travail à 10 % (de chômeurs), je pense qu’il y a un certain nombre de patrons que ça arrange.
FR : Ca veut dire que finalement ces 10% de chômeurs, ils contribuent à imposer un silence au mouvement social ?
DA : Ces 10% de chômeurs, ils contribuent à imposer un marché du travail où il y a quelqu’un qui souffre, c’est celui qui cherche du travail, quelqu’un qui est parfaitement à l’aise pour proposer des salaires moins forts qu’avant ou pour freiner au maximum les revendications. C’est vrai, je pense qu’on ne propose presque que des CDD de nos jours...
Guillaume de Baskerville
20 octobre 2006
Le NAIRU est une arme...
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28 septembre 2006
Le plein emploi est le pire ennemi des profits financiers (bis)!
L'article en question, tout d'abord, avec les réactions des lecteurs, est consultable ici:
L'auteur réalise en fait un décryptage autour d'un évènement ponctuel qui l'a quelque peu surprise, à savoir l'évolution du CAC40 le 4 août 2006 à 15h.
Je cite:
Et je vous assure que je ne délire pas, ça donne ce genre de truc dans les depêches AFP :
"Après cette publication, le CAC 40 a nettement accéléré, une "réaction logique" selon un courtier: "ces mauvais chiffres pourraient inciter la Fed à ne plus augmenter ses taux", expliquait-il."
Et elle ajoute: On apprécie la "logique" de la réaction...
La logique de certains (et en particulier la logique dominante) n'est pas toujours la logique du sens commun. Elle n'en reste pas moins une logique et non une aberration pontuelle.
Les lecteurs les plus assidus de mon blog et de mes sites se rappelleront une autre citation d'un Stratégiste financier reprise dans ma page Citations-Ils ont dit http://lenairu.free.fr/pages/citationspag.html
27 MAI 2005, 12h59, France Info, La Bourse:
Le chef stratégiste de chez VP finance, François Chevalier, alors qu'on l'interroge sur les perspectives boursières dans les mois à venir, répond : " Le pire ennemi des profits financiers c'est le plein emploi [...] or, nous sommes loin du plein emploi".
Voilà qui est clairement dit et montre pour le moins une certaine similitude avec la logique boursière du 4 Août 2006 à 14h25!
Je ne peux que vous rappeler par ailleurs ce que j'écrivais dans mon article du 26 Octobre 2005, intitulé: Finance, chômage et modes de pensée dominants...
Pour poursuivre cette petite escapade au sein de la finance, je me dois de préciser que l'observation de ce milieu m'a amené progressivement à me rendre compte que les logiques de raisonnement induites par le NAIRU étaient belles et bien présentes dans les salles de marchés et les explications des commentateurs financiers de tous horizons. Ce qui me conduisit, à une période où mon intérêt pour l'étrange animal était encore incertain et plein de questionnements, à me rendre à l'évidence: le dogme du NAIRU semblait avoir pénétré ces milieux...
Dans un essai de sociologie des milieux financiers, intitulé "Les traders" (La découverte/Poche), Olivier Godechot nous décrit l'univers de la "salle des marchés" d'une grande banque française (qu'il appelle la Compagnie Universelle) et réalise un certain nombre d'enquêtes et d'observations de terrain. On trouve dans son livre, p.212 à 214, un passage fort intéressant qui se rapporte étroitement à notre sujet. Son but étant de mettre en évidence quels sont les types de raisonnements économiques qui sont majoritairement adoptés par les opérateurs boursiers pour orienter leurs décisions, il essaie de déterminer lequel des deux sytèmes de pensée économique semble dominer l'autre: l'approche keynésienne (hétérodoxe) ou l'approche dite néoclassique d'inspiration monétariste. Mais ce qui nous intéresse encore plus, c'est que pour cerner la réponse, il choisit deux questions censées être centrales pour départager les opinions, car omniprésentes en pratique dans les milieux boursiers. Et bien sûr, l'une des ces questions porte, vous l'aurez deviné, sur le trio "chômage-profits financiers-cours de bourse"!
Après avoir rappelé, p.212, le principe de la courbe de Philips et de la relation inverse entre chômage et inflation, il nous livre les résultats de son enquête.
A la question
"Une baisse du chômage aux Etats-Unis signifie t-elle pour vous",
*une hausse des salaires, donc du taux d'inflation, donc du taux d'intérêt, donc une baisse des cours des actions
*une hausse de la consommation, donc des profits, donc une hausse des cours
45% des opérateurs interrogés optent pour la première réponse!
Seuls 29% choississent la seconde, qui pourtant dans les faits fut observée aux Etats Unis dans la période récente (faible inflation officielle, faible chômage officiel lui aussi...)
Je complète ainsi ma conclusion de l'époque:
Ainsi, la réponse faite par le chef stratégiste interrogé sur France Info n'est-elle pas un avis personnel à caractère exotique. Il en est de même du comportement boursier du 4 Août 2006 à 14h25, ainsi que des analyses qui ont suivi. Ce sont là des révélateurs tangibles et évidents d'un schéma de pensée dominante ayant cours dans ces milieux. Il reflète comment le dogme économique actuel est empreint "d'évidences" pour certains milieux qui orientent aujourd'hui le sens d'évolution de nos sociétés.
Fantaisiste le NAIRU, mon cher Edwy?
Guillaume de Baskerville
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18 septembre 2006
Debout sur les freins, la sainte-croissance est trop forte!
En clair, le "différentiel de production" (output gap) des économistes de la BCE montre que la croissance actuelle en Europe est trop forte (oui, trop forte...),en tout cas au-dessus de la "croissance potentielle", vous savez celle qui est estimée en laissant délibérément sur la touche un nombre officiel de chômeurs égal en gros au NAIRU! Donc faut serrer les freins, pour réduire cette croissance de l'activité et donc créer de nouveaux "chômeurs et assimilés"... Jean-Claude Trichet sait faire, ça, pour le bien commun de tous bien sûr... sauf celui des nouveaux chômeurs à venir (Rappel: un chômeur ne disparaît pas lorsqu'il est rayé des statistiques, hummainement parlant...).
"FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) pense poursuivre les hausses de taux en 2007, peut-être jusqu'à plus de 4%, si son scénario de croissance tendancielle se concrétise et si le risque inflationniste empire, ont dit à Reuters des responsables monétaires de la zone euro.
L'une de ces sources, bien au fait des dossiers, a dit qu'il fallait s'attendre à ce que le taux de refinancement de la BCE, actuellement de 3%, atteigne "au moins" 4% d'ici la fin de l'année prochaine, pour autant que le scénario économique de base se vérifie.
"Je pense que l'on continuera à monter au-delà de 3,5%. Suivant le scénario de base, le différentiel de production sera comblé au début de 2008. Avant cela, à la fin 2007, les taux devraient être à 4% au moins", a dit cette source.
Jusqu'à présent, les responsables de la BCE se sont abstenu de toute déclaration officielle sur l'évolution de la politique monétaire, si ce n'est de ne pas contrarier l'hypothèse du marché d'une montée des taux à 3,5% d'ici la fin 2006."
Guillaume de Baskerville
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30 juin 2006
Aujourd'hui, c'est théâtre!
SUR LA SCENE...
Acte I: Jeudi, conférence de presse de notre premier ministre. A la question "quand considèrerez vous que la France sortira du chômage de masse?" posée par un journaliste (question fort pertinente il est vrai), Dominique de Villepin fournit une réponse fort intéressante elle aussi:
Villepin: la France sera sortie du chômage de masse quand le taux sera à 7%
Dominique de Villepin a estimé que la France sera sortie du chômage de masse quand le taux de demandeurs d'emplois se situera "autour de 7%" de la population active, mercredi lors de sa conférence de presse mensuelle.
Avec "un taux de chômage qui se situe autour de 7%, nous sommes assez proches d'une société qui crée de l'emploi et qui peut permettre, très rapidement compte-tenu de la rotation des emplois, de répondre aux exigences de chacun", a estimé le Premier ministre, en réponse à une question sur le niveau qui marquerait la fin du chômage de masse.
"Nous serons sortis du chômage de masse et du chômage de longue durée" lorsque le taux de chômage atteindra "5%" quand la conjoncture économique est bonne et "8%" quand elle est mauvaise, a complété le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?&news=3524856
En gros, notre premier ministre considère que 7% de chômage constitue la limite au delà de laquelle on pourrait parler de chômage de masse! En dessous ce serait donc du chômage... normal? Jean-Louis Borloo quant à lui nuance et fait varier la limite entre 5 et 8% selon la conjoncture. Vous avouerez que ça reste encore élevé! Quand on pense que lorsque j'étais jeune voire gamin, j'entendais que le chômage incompressible c'était à peu près celui que connaissait le Japon à l'époque, soit 2 ou 3 %...
Mais face à ces élans médiatiques, je ne peux pas ne pas vous rappeler quelques petits points qu'il ne faudrait surtout pas oublier. Surtout pas. Rappelons que ces statistiques sur le chômage sont incomplètes et bidouillées depuis des années à un point tel qu'une reconstitution sérieuse des données est nécessaire pour evaluer correctement ce qu'on entend par chômage de masse. Ca tombe bien, ce boulot là il a été fait et c'est disponible ici:
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14 juin 2006
La présidente du MEDEF s'inquiète et s'emporte!
Ainsi, après les déclarations de l'OCDE (voir mon article ci-dessous), nous allons examiner ce que vient de dire la présidente du MEDEF, saisissant au bond l'occasion donnée par une annonce du gouvernement de la suppression pour 2007 de 15 000 postes de fonctionnaires ( un départ à la retraite sur cinq non remplacé).
Un des problèmes que le capitalisme privé voit dans le secteur public, surtout en période de contraction démographique (du moins de la population active), c'est la concurrence (jugée déloyale) que ce dernier lui fait pour siphonner de la main d'oeuvre, attirée par la sécurité (désormais toute relative) de l'emploi dans ce secteur. Les déclarations récentes de Laurence Parisot sont claires de ce point de vue: "petits petits petits, venez dans mon nid". Pas simple en effet quand on sait que 80% des jeunes aspirent désormais semble t-il à devenir fonctionnaires, ces timorés!
Mais, allant dans le même sens, le nouveau "CDD vieux" (18 mois renouvelable une fois) va contribuer à ce même objectif: que plus de candidats en situation de précarité relative frappent à la porte des recruteurs (avec des vélléités salariales en soldes de 40% si possible), pour compenser la baisse démographique tout en maintenant un coussin d'aiguilles bien pointues sur la tête de la classe salariée... Un moment évoquée, la menace de supprimer la dispense de recherche d'emploi (DRE) pour les salariés de plus de 55 ou 57 ans et demi a été enterrée... pour l'instant! Il faut dire que ce faisant, ces 500 000 "DRE" seraient réapparus dans les chiffres officiels du chômage, dont il ont été sortis au fur et à mesure pour des raisons "cosmético-électorales, Juppé en 97 en ayant ainsi effacé par exemple 350 000 des stats officielles médiatisées (mais il ne fut pas le seul). Ce faisant, le taux de chômage "officiel" serait remonté à 12%, pas bien à un an d'une présidentielle!
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28 mai 2006
La fantaisie continue!
Un exemple récent parmi tant d’autres va nous servir de fondement pour une petite analyse de texte.
La première dépêche AFP (du 23 MAI 2006) que je vous incite à lire est consultable ici, sur ce site bien connu des boursicoteurs :
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_taux.phtml?&news=3455926
Les conseilleurs sont bien entendu les économistes de l’OCDE, et les préconisations tournent autour de la « meilleure » politique à adopter dans les prochains mois en matière de politique monétaire. Il est bon de rappeler que en théorie, cette politique monétaire est supposée être menée de manière totalement « indépendante » par la Banque Centrale Européenne. On peut donc se demander en quoi des recommandations de l’OCDE sont utiles à cette institution supposée au dessus de toutes les influences… Mais ceci est une autre histoire.
Première chose intéressante, l’ensemble du communiqué laisse planer une crainte: « l’inflation » pourrait augmenter (et ce malgré l’escroquerie véritable que constitue l’utilisation d’indices aberrants, voir mon site http://linflation.free.fr). En conséquence de quoi, il conviendrait de "resserrer" la politique monétaire, en remontant les taux d’intérêts et donc en restreignant la création monétaire, ce qui est justement la prérogative exorbitante que nous avons confié à la BCE en disant oui à Maastricht (et que l’on aurait encore réaffirmé en disant oui au réferendum sur la Constitution Européenne). En rendant l’argent plus cher, on freine l’économie, ce qui implique deux conséquences : atténuation des « pressions inflationnistes» et… hausse du chômage. Mais il faut lire entre les lignes et comprendre le langage codé des économistes pour le saisir… Lisons.
Pour l'OCDE, deux facteurs justifient un resserrement monétaire de la Banque centrale européenne: les "presssions persistantes des prix pétroliers" et les "signes de plus en plus nombreux d'un raffermissement de la reprise".
En clair la « reprise se raffermit », il est donc urgent de l’amollir! Après cela, je vous recommande d’écouter d’une oreille avertie et d’un neurone alerte les beaux discours de nos politiques et experts de tous poils qui n’ont de cesse d’expliquer que c’est le retour de la croissance qui va faire baisser le chômage !
La phrase suivante est sans doute la plus alambiquée mais la plus éclairante pour notre marotte commune, le NAIRU.
Cependant, l'OCDE souligne que "le rythme effectif de ce resserrement dépendra de la nette mise en évidence de la réduction de ressources non utilisées dans l'économie".
Relisez là, et la lumière sera. Car que sont les ressources non utilisées dans l’économie d’après vous ? La théorie économique dominante la plus basique nous explique que globalement il y a deux ingrédients pour créer de la « richesse économique» : du Capital (des machines, des usines, des investissements, bref des capacités de production) et du Travail. Or, sur ce dernier point, l’idée même du NAIRU est qu’une partie des ressources en main d’œuvre ne doit pas être utilisée afin de limiter les pressions à la hausse sur les salaires. C’est bien pour cela que le NAIRU est utilisé dans les équations d’estimation de la « croissance potentielle » : la « bonne croissance » est celle qui approche la croissance potentielle, c’est-à-dire celle qui est obtenue « en en gardant sous le pied » en quelque sorte, donc en excluant une part de la main d’œuvre supérieure au NAIRU. Car la « bonne croissance » est celle qui est non inflationniste… CQFD.
Donc la phrase ci-dessus devient limpide : le rythme du resserrement monétaire de la banque centrale sera d’autant plus important que les ressources non utilisées dans l’économie (et notamment le « stock » de chômeurs !) tendra à diminuer sous une limite jugée dangereuse (par les marchés financiers ?) : celle estimée par le NAIRU… Et au cas où ce ne serait pas assez clairement rentré dans l’esprit du lecteur, le communiqué le reformule à nouveau quelques lignes plus loin :
La "suppression de l'action de stimulation monétaire" doit donc "dépendre de la nette mise en évidence d'une réduction durable du volant de ressources non utilisées".
Claro ?
D’ailleurs la suite du communiqué appuie ce raisonnement : chiffres à l’appui, la menace se précise…
S'agissant de l'inflation, l'OCDE prévoit un taux de 1,6% cette année, après 1,7% en 2005, puis 2,0% en 2007. En matière de chômage, l'OCDE table sur un recul du taux, de 8,6% en 2005 à 8,2% cette année, puis 7,9% en 2007.
Bien sûr, la mise en rapport des deux séries de prévisions inflation/chômage dans deux phrases qui se suivent doit vous rappeler quelque chose, non ?
Cela peut paraître étrange encore une fois au néophyte, mais oui l’économie ça se pilote aussi par le haut ! Un peu comme une voiture en fait. Lisez cet autre communiqué de l’OCDE, publié le même jour mais concernant l’économie américaine, et appréciez le vocable employé :
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_taux.phtml?&news=3456053
Entre les coups d’accélérateurs et les coups de frein, les salariés-chômeurs potentiels ont intérêt à bien attacher leur ceinture !
Certains trouveront bien sûr encore à redire à ces argumentaires. Comme par l’exemple en avançant (à court de contre arguments ?) que tout cela, ce sont des discours « théoriques » et que les « choses réelles sont bien plus compliquées ». Ce à quoi je répondrai qu’il faudra alors quand même un jour virer tous ces gens (2000 à l’OCDE!) qui phosphorent de manière totalement « fantaisiste » pour pondre des théories et des recommandations qui seraient inutiles et d’ailleurs paraît-il inutilisées…
Car comme je l’écrivais il y a quelques mois, on peut raisonnablement se demander si le nombre de chômeurs et de pauvres sur cette planète ne serait pas, par pur hasard, directement proportionnel au nombre d’experts économistes qui travaillent parait-il à la maximisation de notre bonheur !
Guillaume de Baskerville
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19 mai 2006
La fantaisie du NAIRU...
Fantaisiste? La réponse ne manque pas de sel lorsque l'on admet que le NAIRU est employé à foison depuis 30 ans au sein d'organismes (Sénat, OCDE, BCE, et d'autres) qui n'ont rien de bolcheviks, vous l'admettrez. Car il est vrai que le NAIRU est en quelque sorte une résurgence de la vieille "armée de réserve" de travailleurs désoeuvrés qu'évoquait déjà Marx à son époque. Mais c'est tout de même plus crédible quand c'est l'OCDE ou le Sénat qui l'utilisent...
Mais là où la réponse de l'ancien "rédac chef" du monde devient franchement cocasse, c'est que ce bon Edwy est connu pour être... un ancien Trotskiste! Alors faut croire que "l'armée de réserve" de Marx, il en a jamais entendu parler. Ou bien alors, qu'il est parti avant d'en avoir eu l'occasion. Ou alors? Oui c'est ça: une perte de mémoire!
Encore une fois, je veux bien que l'on dise que tout cela est fantaisiste, mais le problème EST que ce truc fantaisiste est ultraprésent dans des institutions qui n'ont à priori rien de fantaisistes elles! Alors, le mystère s'épaissit: pourquoi DIABLE des organismes sérieux et pas franchement réputés pour leur gauchisme héréditaire (je répète: Sénat, OCDE, BCE et milieux financiers et boursiers) continuent ils à payer des économistes pour phosphorer et développer des modèles qui intégrent un truc aussi fantaisiste? Quand on sait que la croissance potentielle est calculée à partir des NAIRUs estimés et que cette croissance potentielle est citée un peu partout dans les discours économiques actuels, y compris ceux de nos ministres, alors on peut raisonnablement se demander quelle est la définition de "fantaisiste" chez Edwy Plenel. Un de ses prochains bouquins nous éclairera sans doute sur cette énigme...
11 mai 2006
5 millions de chômeurs en France entre la poire et le fromage...
C'était à "A vous de juger" , sur France 2, le Jeudi 27 Avril 2006, et le lien ci-dessous commente ce (discret) évènement. Bien sûr, les plus avertis sur le sujet (et sur les bidouillages statistiques autour du chômage) le savaient et le disaient depuis longtemps, mais ils criaient un peu dans le désert. Eh bien là, voilà, c'est dit. Mensonge avoué est à demi pardonné? Ben tiens! Bon, de toute façon, les "chiffres officiels" du chômage dans les JT des jours qui suivirent continuèrent dans l'orthodoxie la plus parfaite: 2,2 millions, en baisse! Ben tiens bis!
Moi je dis que bientôt, y vont p'têt même glisser comme ça, entre poire et fromage, que oui le chômage est voulu, utile et planifié depuis 25 ans. Et comme le 1er Avril est déjà passé, on pourra même se dire que si ça se trouve, c'est vrai...
A vous de juger, donc...
http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=1797
Guillaume de Baskerville
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06 avril 2006
Ah, le chômage! Que ne ferait-on pas pour (et surtout grâce à) lui!
14 janvier 2006
Nouveaux sites!
- l'un sur le NAIRU: quelques éléments en plus par rapport au Blog, entre autres les "Citations", et une page de résumé ("Le NAIRU vite!") pour ceux qui auraient un peu de mal à lire ce long Blog (devenu long!) ou qui seraient pressés d'en savoir plus sur l'étrange animal... Et puis bien sûr la conférence du 10 Octobre 2005, écoutable en ligne.
- l'autre sur "L'Inflation, la Monnaie, la Finance". Celui-là est tout nouveau et part du NAIRU et du constat de l'obsession de l'inflation chez les économistes modernes pour élargir le panorama et mieux comprendre le puzzle autour de tout cela. Ah oui, au fait, vous y retrouverez la-bàs mon fidèle assistant, Adso de Melk, qui a exploré cette partie méconnue mais fort intrigante du labyrinthe! C'est lui qui vous accueille sur le site...
Vous pouvez toujours laisser vos commentaires, demandes, ajouts, sur le blog (en cliquant sur "comment"en dessous de chaque article), ou par mail: jl.duh@free.fr
A mon retour, interro écrite : o)
22 décembre 2005
"Le système actuel d'assurance chômage n'est pas profilé pour 10% de chômeurs"
15 décembre 2005
Le chantage à l'emploi par les délocalisations est la déclinaison micro-économique du NAIRU au niveau macro-économique...
07 décembre 2005
Le NAIRU est au coeur des politiques économiques et monétaires...
Et puis il y a ceux qui me répondent : « Le chômage voulu et maintenu délibérément car utile pour faire pression ? Ben oui, c’est évident ! » Je dois dire que ces réponses là sont celles qui m’ont le plus décontenancé au départ. Très vite, cependant, j’ai constaté qu’il s’agissait souvent là d’une opinion, voire d’une intuition, mais qu’en général, quand j’essayais de voir ce que la personne en question avait à dire sur le sujet, l’argumentaire était souvent peu étayé. En gros, le fait que malgré tous les discours (forts nombreux depuis trente ans) sur la supposée lutte contre le chômage rien ne s’améliore (bien au contraire), cette situation a quand même contribué à développer (à juste titre d’ailleurs) des suspicions chez une partie de nos concitoyens. D’autre part, il faut avouer que le chantage à l’emploi est parfois tellement patent que beaucoup en sont venus à bien percevoir que le chômage et la précarité n’ont pas que des inconvénients pour tous…
Le problème est que pour aller plus loin, les argumentaires et les preuves concrètes manquent. Très vite, la discussion peut tourner à l’échange du café du commerce. Non que celui-ci soit dénué d’intérêt. Mais il s’agit alors d’un débat d’opinions qui se dilue très vite dans les généralités. En revanche, convaincre d’autres personnes dans ce cas est quasiment impossible, en l’absence d’éléments patents.
Mais…
… le NAIRU, ce sont les institutions économiques et politiques à tendance libérale qui en parlent le mieux, alors il suffit de guider les pas du novice dans la jungle économystique souvent impénétrable dans laquelle le NAIRU, cet animal étrange, prolifère, à l’abri des regards indiscret !
Un des points que l’on me demande souvent d’éclaircir est le suivant : comment donc le NAIRU peut-il avoir un impact réel sur l’économie et finalement sur la vie quotidienne et la destinée de tel salarié ou de tel chômeur ? Comment le local, voire le privé, peuvent-ils être à ce point influencés par le global ? Là encore, cette difficulté de compréhension m’est familière, pour l’avoir ressentie moi-même (et continuer parfois à m’y confronter , je l’avoue). Face au NAIRU et à mes « élucubrations », j’ai parfois entendu ce genre d’incompréhensions : « vous croyez vraiment que l’entrepreneur du coin a les moyens de comploter pour maintenir le chômage à un niveau élevé ? ». Ma réponse est évidente : bien sûr que non, mais ce n’est pas à ce niveau et de cette manière que tout cela se joue.
La société moderne est organisée selon des choix qui relèvent de l’Economie de Marché, nouveau petit nom du Capitalisme dont le nom ne faisait plus très sexy. En disant Economie de Marché, on fait mine de remplacer sur le piédestal le capitaliste (celui qui détient les capitaux) par le consommateur proclamé Roi (mais le Roi n’est-il pas mort ?). Et en y ajoutant tout un tas d’adjectifs à connotation sympathique, on « euphémise » encore plus : l’Economie de Marché ou la Croissance deviennent ainsi « sociales » dans la bouche de ceux que l’on entend tous les jours dans les médias, ou dans des textes aussi importants que le projet de Constitution européenne. Des fois qu’on ait pu un instant en douter... Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement dit-on, à moins que ce ne soit l’inverse : ce qui s’énonce clairement et lourdement finit-il par se concevoir un peu mieux?
Toujours est-il que si le Capitalisme, puisqu’il faut appeler un chat un chat, est un principe général d’organisation économique de la société, comme l’ont été ou peuvent encore l’être certaines religions, son « Eglise » elle, c’est-à-dire son institution pratique de mise en œuvre (prise globalement), exerce des choix qui sont bien plus discriminants. Certains sont plus capitalistes que d’autres, et en outre, certains de ces capitalistes sont plus favorisés par les choix politiques de l’église économique dominante actuelle que d’autres. Entre le propriétaire du bar du coin et le fond de pension qui intervient sur les marchés financiers mondiaux, les deux sont quelque part un peu « patrons », mais les deux n’ont sans doute pas les mêmes aptitudes à influencer les règles du jeu de l’église dominante. La distinction patrons/salariés n’est plus opérante pour discriminer la société. Certains managers salariés dirigeant les grands groupes sont dans des sphères d’influence infiniment plus puissantes que bon nombre de « patrons » qui rament dans une économie calibrée autant à leur intention qu’elle ne l’est à l’égard des chômeurs ou des précaires.
Le prochain article rentrera un peu plus en détail dans les rouages de la macroéconomie et des politiques monétaires actuelles. Bien que nous apparaissant fort lointaines et il faut le dire assez opaques à la compréhension, on y verra comment et en quoi celles-ci peuvent finir par influencer, souvent à notre insu, notre quotidien. Or, manifestement, le NAIRU y figure en bonne place…
25 novembre 2005
Le NAIRU n'est pas qu'un concept innocent...
17 novembre 2005
NAIRU et Constitution européenne...
Sur le thème de l’emploi et du chômage, les discours pré-référendaires répétèrent combien ce texte était un progrès car, entendait-on, il inscrivait pour la première fois le « plein emploi » comme un objectif de l’Union. La réalité est malheureusement un brin différente, bien que remarquablement cohérente pour un initié du NAIRU.
Alors, que dit-il, ce texte ? Un des articles les plus importants du TCE est l’Article I-3 qui précise les objectifs de l’Union. Son alinéa 3 mérite qu’on s’y arrête :
« L’Union œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive qui tend au plein emploi et au progrès social […] »
Voilà qui est intéressant. Croissance équilibrée, stabilité des prix, tend au plein emploi, une forte odeur de NAIRU flotte autour de cette phrase. Croissance équilibrée ? Mais équilibrée entre quoi et quoi ? Ca sonne bien l’équilibre, ça fleure bon la modération et la force tranquille, mais encore ?
Allez, je vous aide. Une des traductions française du NAIRU est… le « taux de chômage d’équilibre » ! Le taux de chômage d’équilibre est en effet le taux de chômage (minimum) qui stabilise l’inflation. C’est donc le NAIRU version frenchie! Vous commencez à saisir le sens de cette croissance équilibrée ? En réalité, il s’agit bien là d’un terme d’économiste moderne pour désigner la croissance « soutenable » (encore appelée « croissance potentielle »), c’est-à-dire, selon la mono-manie économystique actuelle, celle… qui ne génère pas de tensions inflationnistes ! On y revient toujours. Dit encore autrement, une croissance équilibrée est une croissance qui prend pour point de départ la valeur estimée du NAIRU, et qui va faire en sorte de ne pas être trop forte pour ne pas faire baisser le taux de chômage effectif sous celui-ci, car alors, l’objectif prioritaire de l’inflation risquerait de ne pas être tenu !
Du coup, on comprend mieux le sens de cet article du TCE : dans le cadre de l’objectif PRIORITAIRE de « stabilité des prix », l’Union vise une « croissance équilibrée ». Dès lors, le fameux plein emploi sert bien sûr de pot de fleur décoratif (mais repris par certains partisans du Oui, naïfs ou cyniques, c’est selon), puisqu’en réalité, et au mieux, on ne peut que tendre vers un plein emploi dont le niveau n’est d’ailleurs jamais numériquement défini sous la forme d’un objectif précis. Et comment pourrait-il l’être dans une telle approche, puisqu’il n’est, au travers du NAIRU, qu’un résidu d’une politique elle clairement définie, et dont l’objectif unique est: maintenir coûte que coûte une hausse de l’indice des prix à la consommation proche de 2%, déclinaison opérationnelle douteuse par ailleurs de la stabilité des prix version Banque Centrale Européenne (BCE).
Dit encore autrement, le plein emploi ne saurait être un objectif chiffré, puisque le « chômage d’équilibre » est lui un outil pour atteindre l’objectif d’inflation, qui écrase tout le reste ! Ce qui explique que Jean-Claude Trichet, Président de la BCE, ait encore récemment éloigné d’un revers de manche toute idée qu’un quelconque objectif d’emploi lui soit assigné, puisque inflation comes first (seule compte l’inflation).
Vous me direz que j’exagère en avançant que la lutte contre l’inflation domine tout le reste, et je vous répondrai qu’il n’y a qu’à lire : tout est écrit dans Traité et dans les textes fondateurs qui définissent les statuts de la BCE.
Notons que s’il avait été ratifié par le peuple français et néerlandais, et par les autres pays européens, cette « Constitution » aurait été la première au monde à évoquer 168 fois le terme Banque centrale ! Le chômage lui n’y figure jamais, la « stabilité des prix » s’y écrit 10 fois…
Par ailleurs, l’article I-30 du TCE le rappelle sans détours :
" […] Le Système européen de Banques Centrales est dirigé par les organes de décision de la Banque Centrale Européenne. L’objectif principal du Système européen de Banques Centrales est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, il apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union pour contribuer à la réalisation des objectifs de celle-ci. "
Ceci est clair : lutte contre l’inflation d’abord, le reste vient après, et ce « sans préjudice de cet objectif !
Ce qui est tout à fait stupéfiant quand on examine ce Traité de près, c’est qu’il rentre sur ce point de l’emploi en collision frontale manifeste avec notre Constitution française. Exit le droit d’obtenir un emploi de notre article 5, la formulation retenue dans le TCE est bien plus mielleuse et ambiguë :
Art II-75 – Liberté professionnelle et droit de travailler
alinéa 1 : Toute personne a le droit de travailler et d’exercer une profession librement choisie ou acceptée.
Première remarque : exit « le devoir de travailler » de notre Constitution française (il faudra le rappeler aux moralisateurs actuels). Mais on comprend l’astuce : un devoir impliquait un droit, celui d’obtenir un emploi. Le « droit de travailler » a bien failli supplanter, si le texte n’avait pas été rejeté, le « droit d’obtenir un emploi », bien plus explicite. Mais en outre cette formulation joue sur les mots, puisque la « profession » (terme fort noble au demeurant…) peut être librement choisie -ce qui dans le contexte actuel apparaît de plus en plus comme un grand luxe- ou … acceptée !
Bien sûr, l’ajout de cet adjectif est la cerise qui fait s’écrouler toute la pièce montée. Car accepter n’est pas choisir : accepter est bien moins que choisir. Juste un exemple. En Avril 2005, peu avant le référendum, on se rappelle de l’affaire SEM-Suhner à Schirmeck, en Alsace, dans laquelle cette PME annonça un plan social qui prévoyait pour les salariés une proposition de reclassement en Roumanie à 110 euros par mois. Le Pdg avait alors précisé : « Les personnes concernées sont libres d’accepter ou non ». Ce qui est exact, mais ce qui montre également combien dans certaines situations, la liberté d’accepter ou non un emploi peut plus tenir du chantage que du choix réel. Et en situation de forte pression sur les salariés, par le chômage et la précarité instaurés par le NAIRU, l’acceptation même supposée libre est loin d’être un gage de respect des aspirations ou des choix des travailleurs. Dans le même ordre d’idées, les chômeurs français, à la suite de leurs homologues allemands ou espagnols, sont ainsi eux aussi désormais « libres » d’accepter ou de refuser les emplois ou sous–emplois qu’on leur proposera. Simplement, à chaque refus, ils seront financièrement pénalisés, et au troisième ils seront radiés. Mais ils demeurent juridiquement réputés libres…
Pour tout dire, il y a derrière cette formulation "librement choisie ou acceptée" quelque chose qui ressemble furieusement à cette déclaration d’un célèbre économiste ultra-libéral, Robert LUCAS, qui en 1978 expliquait tranquillement, dans l’American Economic Review :
Au moins, la ligne est tracée. A elle seule, cette phrase résume toute la vision de ce courant de pensée économique à l’œuvre derrière, notamment, les institutions européennes actuelles. Que le peuple n’y adhère qu’à reculons est un archaïsme, une rigidité que la pression du NAIRU saura faire sauter. De gré ou de force. Tel est bien le sens de ces quelques articles, examinés ici, de ce qui a failli devenir notre Constitution, et pour longtemps ! Et l’on voit bien comment le « chômage made by NAIRU », alors qu’il rentre manifestement en contradiction avec notre Constitution nationale, se serait parfaitement fondu dans le paysage économique et politique dessiné par ce nouveau texte. C’est pourquoi son rejet actuel, sans doute temporaire, ne doit pas nous inciter à ne plus nous en préoccuper…