11 mai 2006

5 millions de chômeurs en France entre la poire et le fromage...

Pincez-moi, je rêve? Voilà que des hommes politiques de premier plan, dans une émission politique de grande écoute, en viennent à reconnaître comme si de rien n'était qu'il y aurait 5 millions de chômeurs en France!

C'était à "A vous de juger" , sur France 2, le Jeudi 27 Avril 2006, et le lien ci-dessous commente ce (discret) évènement. Bien sûr, les plus avertis sur le sujet (et sur les bidouillages statistiques autour du chômage) le savaient et le disaient depuis longtemps, mais ils criaient un peu dans le désert. Eh bien là, voilà, c'est dit. Mensonge avoué est à demi pardonné? Ben tiens! Bon, de toute façon, les "chiffres officiels" du chômage dans les JT des jours qui suivirent continuèrent dans l'orthodoxie la plus parfaite: 2,2 millions, en baisse! Ben tiens bis!
Et puis le 3 Mai, ce devait être entre 8h45 et 9h, j'ai entendu sur France Inter, une interview de Philippe de Villiers qui lui aussi a parlé de 5 millions de chômeurs en France! Pierre Weil qui l'interrogeait a tiqué et de Villiers a répété, et ensuite il a enchaîné avec d'autres chiffres sur l'immigration, comme de bien entendu.
Mais la question que l'on peut raisonnablement se poser (et qui rejoint mon précédent article), c'est: pourquoi donc cette soudaine et apparente lucidité sur une réalité masquée depuis tant d'années?
En clair, le chômage massif ne serait-il pas (et de nouveau) instrumentalisé par à peu près tous ceux qui parlent dans le poste actuellement en période pré-électorale pour justifier la nécessité de toutes les réformes possibles et imaginables? Car il faut le dire, le chômage à bon dos. Est-ce pour cela que les chômeurs en ont d'ailleurs plein le dos, eux?

Moi je dis que bientôt, y vont p'têt même glisser comme ça, entre poire et fromage, que oui le chômage est voulu, utile et planifié depuis 25 ans. Et comme le 1er Avril est déjà passé, on pourra même se dire que si ça se trouve, c'est vrai...
Mince, dites donc, et si le NAIRU, c'était vrai?

A vous de juger, donc...

http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=1797

Guillaume de Baskerville

N'oubliez pas de visiter mes autres sites:
http://lenairu.free.fr
http://linflation.free.fr
Comments:
Je me permets de vous faire part d'un très interessant article économique sur la crainte de l'inflation. Un résultat c'est que trois américains sur quatre préfèrent un taux de chômage à 9% et une inflation à 2% (ce qu on a maintenant) qu'une inflation à 10% et un taux de chômage à 3%.

Je cite cet article car il montre que ce sont bien les gens et non pas les économistes qui craignent plus l'inflation que le chômage

L'article est disponible gratuitement:

http://cowles.econ.yale.edu/P/cd/d11a/d1115.pdf

C8. Imagine that you faced a choice for the United States [Germany, Brazil] between the following
two extreme possibilities, which would you choose?
1. The US [Germany, Brazil] would have in the next 10 years an inflation rate of only 2% a
year, but an unemployment rate of 9%, thus about 12 million [3.5 million, 6 million]
unemployed.
2. The US [Germany, Brazil] would have in the next ten years an inflation rate of 10% a month,
but an unemployment rate of only 3%, thus about 4 million [1.2 million, 2 million]
unemployed.

1 2
US 75% 25% n = 113
Germany 72% 28% n = 153
Brazil 54% 46% n = 50



LeNinGrad CowBoy
lngcb@yahoo.com
 
Récemment, j'ai discuté avec Edwy Plenel, l'ancien directeur de la rédaction du Monde.
Et dans la conversation j'ai eu l'idée de lui parler du NAIRU. Je n'ai pas prononcé le nom, mais je lui ai expliqué qu'il existait un taux de chômage en dessous duquel il ne faut pas déscendre, sous peine d'augmenter l'inflation.
Il m'a répondu que c'était complètement fantaisiste.
Il est vrai, Plenel n'est pas spécialiste d'économie et je n'ai peut-être pas bien expliqué la chose. Mais je ne serai pas surpris qu'on obtienne le même résultat en discutant avec n'importe quel responsable d'un grand journal...
 
Réponse à Eric tout d'abord:

merci pour cette contribution intéressante, elle m'a inspiré un article de "réponse caustique" à cette réaction de l'ancien rédac chef du monde...

Vous l'avez rencontré à quelle occasion au fait?

Guillaume de Baskerville
 
Concernant leningrad cowboy, là encore, merci pour cette contribution, je vais décortiquer cet article.

Quelques remarques liminaires cependant:

1) cet élément me confirme dans l'idée que le chômage moderne peut-être assimilé à un Sacrifice Sociétal, c'est à dire socialement accepté par la majorité (ce qui est la condition pour qu'un sacrifice continue à être pratiqué; bien sûr cela n'exclut pas une part d'illusion, ou de mirage, ou d'ignorance, ou d'erreur, de la part de la majorité en question). Le fameux "taux de sacrifice" des économistes prend alors tout son sens...

2) cependant, si on présente aux citoyens "l'inflation" comme le fait la BCE dans sa grande campagne "Pourquoi la stabilité des prix est-elle importante pour vous?" (Rappel: 50 000 écoles européennes visées par ce matraquage à coup de kits de formation "gratuits", c'est-à-dire payés par la BCE donc nous) la perception de l'inflation ne peut qu'être éminemment négative (voir le dessin animé ici sur mon autre site:

http://linflation.free.fr/pages/ressources_audiopag.html

En outre, les choix proposés dans cette enquête semblent extrêmes car une inflation de 10% par MOIS (je précise car apparemment vous n'avez pas relevé la "légère" nuance entre 2% par an et 10% par MOIS...), c'est de l'hyperinflation et c'est précisément toujours cet argumentaire de l'hyperinflation (avec l'exemple allemand de 1923) qui est utilisé par la BCE pour dire: inflation = pas bon! Mais c'est éminemment manipulateur! Bouh le vilain monstre de l'inflation!

Mais ce qui est intéressant, c'est que des universités réputées fassent ce genre d'enquêtes, ce qui montre bien l'existence du dogme sous-jacent du NAIRU. Fromage ou dessert, Inflation ou Chômage? La question posée
est révélatrice de la stucturation de la pensée dogmatique qui la sous-tend.

Je rappelle en outre qu'en parlant d'inflation au sens étroit de l'Indice des Prix à la onsommation (ce qui est une escroquerie intellectuelle), on caresse dans le bon sens le poil du consommateur avant tout (donc au
détriment du salarié et du chômeur). Une conception plus large de ce qu'est réellement l'Inflation (incluant donc l'immobilier et les actifs financiers) s'adresserait au citoyen dans sa dimension plus globale. En clair, focaliser sur l'indice des prix à la conso permet de faire du consommateur le bourreau du salarié (et du
chômeur), qui dans bien des cas sont les mêmes in fine. Cf ma page d'explications, ici:

http://linflation.free.fr/pages/lenairuvitepag.html

Mais la question du sacrifice reste pertinente: jusqu'à quel point un sacrifice sociétal est-il accepté par la société dans son ensemble?

En arrachant le coeur à des centaines de milliers de personnes, les aztèques pratiquaient un sacrifice énorme
au nom de l'harmonie du groupe (le coeur battant des victimes était offert au Dieu soleil). Jusqu'à quel point le jusqu'au boutisme d'une telle démarche est-il possible? En clair, que se passe t-il quand le gain supposé devient inférieur, dans l'esprit d'un nombre grandissant de personnes, familles de victimes par exemple, au sacrifice imposé? Intéressante question, non?

Guillaume de Baskerville
 
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