04 septembre 2005

Le Moyen Age a connu sa grande peur: celle inspirée par l'Eglise au travers du Diable. Dans le Nom de la Rose, Guillaume de Baskerville (joué par Sean Connery) nous montre comment un livre d'Aristote sur le rire devient une menace pour l'Eglise: les moines copistes qui pourraient le reproduire sont assassinés les uns après les autres. Si on rit, le Diable semble moins menaçant, et si on croit moins au Diable, on croira moins en Dieu...

Le NAIRU, le taux de chômage en dessous duquel il NE FAUT SURTOUT PAS descendre, est le Diable Moderne: le chômage qui en résulte sert avant tout, et délibérément, à faire peur aux citoyens et aux salariés. Afin de les rendre plus dociles... A chaque époque son Diable et ses formes de contrôle social. Les discours actuels sont à la culpabilisation de ces "fainéants de chômeurs", qui ne penseraient qu'à frauder le système. Et si c'était le système qui nous fraudait tous?

Ce blog est une plongée dans le plus "grand petit secret" de la macro-économie. Inconnu du grand public, jamais évoqué dans aucun débat médiatique, le NAIRU est LA clé pour comprendre le chômage actuel, en particulier son caractère massif et persistant. Qui n'est pas un fléau contre lequel tous jurent - pardon, promettent - de mener Croisade, comme nos politiques et présentateurs de JT nous le répètent à l’envi, mais un choix délibéré, réalisé au plus haut niveau. Un choix éclairé, justifié par un argument présenté comme rationnel: la lutte contre l’inflation. Mais cet argument est lourd de conséquences, dans la mesure où il est aussi un prétexte pour faire accepter sans questionnement des choses bien moins avouables. L'arbre de la lutte contre la vie chère cache la forêt du chômage de masse, de l'insécurité sociale, de la trouille de perdre son emploi. Si Croisade nous devons mener, ce n'est pas contre le chômage en lui-même mais contre ceux qui le programment et l'instrumentalisent, aux dépens et à l'insu de la majorité de la population...

A l'époque d'Internet, les blogueurs copistes ne craignent plus rien (enfin je l'espère!). Dieu merci ?

Comments:
Bonjour tout ceci est très intéressant; ce NAIRU permet surtout d'identifier facilement les responsables du chômage de masse; ceux-ci se cachent donc dans les banques où ils se réjouissent de toutes les faillites de leurs clients, qui contribuent au maintien du fameux taux. Mais je ne comprends pas pourquoi des économies aussi financiarisées que l'économie britannique ou l'économie américaine ont un taux de chômage beaucoup plus faible que le nôtre?
A moins que les médias et les économistes, contrôlés par les multinationales, nous mentent?
 
Bonjour Nathanaël,et merci pour votre commentaire.

Précisons tout d'abord que le cas des Etats Unis est assez particulier tout de même, et difficilement reproductible, car leur position dominante grâce à une monnaie étalon réserve mondiale de valeur fait de celle-ci leur premier "produit d'exportation", et leur permet entre autres de survivre à un déficit budgétaire considérable, là où n'importe quel autre pays serait proche de la faillite! Que l'on s'ébahisse devant cette domination est une chose, mais que plusieurs pays puissent avoir le même statut en est une autre pour tout dire impossible. La place de premier débiteur mondial financé par le reste du monde (et en particulier l'Asie)ne se partage pas! Certains peuvent rêver de prendre sa place, mais la "solution" n'est pas généralisable!

Ceci étant rappelé, il faut bien comprendre que derrière le NAIRU, et même si celui-ci correspond à un "taux" de chômage, ce qui est important est le principe qui est: FAIRE PRESSION SUR LE COUT UNITAIRE DU TRAVAIL. Le taux de chômage "officiel" en est un moyen, mais il ne faut pas se focaliser sur ce chiffre qui ne reflète que la partie émergée de l'iceberg. En clair, la pression sur le marché du travail peut se faire avantageusement, dans les pays catalogués comme "libéraux" par ce que qu'on appelle le HALO autour du "chômage" et de l'"emploi". Diviser la représentation du monde en blanc ou en noir, par l'hypnose DU CHIFFRE UNIQUE, icône simplificatrice de la réalité, est un moyen puissant de détourner l'attention du grand nombre, par le truchement des médias effectivement.

Qu'est-ce qu'un chômeur au sens de la statistique officiel, qu'est qu'un emploi? Juste un exemple pris en France: selon les chiffres officiels du chômage, une personne qui a travaillé plus de 19h30 par semaine dans les 4 dernières semaines (78 heures dans le dernier mois) est considérée comme "en emploi". Pourtant,il me semble que la durée légale du travail est bien de 35 heures/semaine... et encore nous dit-on en permanence que ce n'est pas assez! Mais est-ce assez pour une personne que de travailler 19h30 payées au smic horaire? Aujourd'hui on estime en France que près de 1,2 millions de personnes travaillent à temps partiel NON CHOISI. A partir de là le MEDEF a beau jeu de dire que les français doivent pouvoir "travailler plus pour gagner plus" ... mais avec un coût unitaire du travail toujours moindre!

En Angleterre, le taux officiel de chômage auquel vous faites allusion est autour de 5% (ce qui est un assez bon taux relatif pour se présenter devant la Nation pour une élection), mais à côté de cela le nombre de personnes recevant une allocation maladie ou handicapé est anormalement élevé. Car il y a une technique infaillible pour faire baisser le nombre de chômeurs officiels: les faire passer dans la catégorie de la population dite "INACTIVE". C'est comme cela qu'on a sorti des stats les pré-retraités en france, les "handicapés" (du travail à haut rendement moderne) en GB, les 2 millions de prisonniers aux US, etc. Donc méfiance sur les chiffres officiels du chômage, la seule chose que l'on puisse dire en la matière est qu'ils sont TOUS MINORES, plus ou moins selon les pays et les époques. Je reprend à mon compte l'expression que j'ai trouvée très pertinente de "révisionisme des chiffres du chômage"

(voir l'excellent site "le Défouloir des précaires", http://precaires.free.fr/2_Table.htm).


En 97, pour avoir sorti à l'époque un rapport disant que 7 millions de français étaient touchés par le chômage, le non emploi ou le sous-emploi, le Commissaire au Plan de l'époque fut viré et le rapport mis sous embargo (aujourd'hui, on peut se le procurer, il y en a des piles jamais diffusées, j'en ai eu 2!)En outre comme l'idée motrice derrière le NAIRU est la pression sur le marché du travail, toutes les nouvelles formes d'emploi précaires (formant des légions de travailleurs pauvres -working poors- aux US et en GB notamment, mais aussi désormais en France, où une partie non négligeable des sdf travaillent!) font le même office...

L'avenir du NAIRU est à la baisse par les réformes structurelles libérales des marchés du travail (en Allemagne ça va saigner avec la "nouvelle Thatcher" du moment), mais le "NAIRP", ou Unemployment est remplacé par "Précarité" va monter en bourse!

Cordialement.
 
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